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Adagio et fugue en ut mineur de Mozart.
Œuvre dont la composition s’échelonne entre 1783 et 1788. En effet, en 1783 Mozart écrit pour deux pianos une fugue qu’il transcrit en 1788 pour cordes en lui adjoignant un adagio d’introduction.
Il s’agit d’une œuvre assez étonnante et que l’on peut rapprocher de certaines pages telles que la très fameuse introduction du quatuor « les Dissonances » où même du point de vue de l’harmonie de certaines scènes de l’opéra Don Giovanni. La tonalité de do mineur est en effet utilisée par Mozart dans des moments d’extrême tension (scène du Commandeur) ou de douleur (l’air chantée par Donna Anna dans le septuor du deuxième acte, « Lascia lascia a la mia pena »). L’adagio qui sert d’introduction correspond à ce que Mozart a pu écrire de plus tragique. La fugue, elle, étonne toujours par l’âpreté des dissonances qu’elle donne à entendre, et par l’extrême maîtrise dont Mozart fait preuve dans la combinaison des voix.
L’analyse de cette partition est tout à fait passionnante pour ces différentes raisons.
Analyse.
Adagio.
Sur un rythme à la française, Mozart va ouvrir cette œuvre dans la douloureuse tonalité de do mineur. Les quatre premières mesures donnent à entendre les deux pupitres de violons et les altos homorythmiques, cependant que les violoncelles et contrebasses après avoir donné la tonique du passage sur le premier temps donnent une réponse sur les temps 2 et 3 de la mesure. Ce contrepoint mène à la mesure 4 à une modulation sur le 4eme degré (Fa mineur) qui par une cadence plagale revient sur l’accord de do.
Les renversements utilisés : exemple ci-joint.
Les quatre mesures qui suivent font apparaître un nouveau motif en broderies que l’on retrouvera tout au long du passage et qui est donné par le violon 1. Sur un rythme pointé et sur l’intervalle de demi- ton ré bémol do. Ce motif donne lieu à la mesure 6 à une accord de sixte napolitaine sur des batteries lentes de croches qui mène logiquement mesure 7 à l’accord de dominante sol en renversement +4 suivi dans cette même mesure d’une résolution sur do en sixte et de nouveau sol mais cette fois en sixte. La mesure 8 fait entendre une demi – cadence avec emprunt par le fa dièse à la tonalité de sol. Tout ceci est bien entendu très classique, mais la suite va donner lieu à des audaces harmoniques tout à fait remarquables.
Les mesures suivantes (9 à 12) reprennent le début mais en le modifiant quelque peu puisque Mozart fait passer la ligne mélodique des violons du début sur le pupitre des basses, dans l’esprit d’une écriture contrapuntique renversable. Ceci induit cependant un changement dans les autres lignes. Noter en particulier les violons 1 sur le motif ascendant sol la bécarre si bécarre do issu de la gamme mineure mélodique. Nous trouvons de nouveau entre les mesures 11 et 12 la modulation en fa mineur mais les accords sont présentés différemment. (mesures 3 et 4 6 5 barré (, ici +4 6). Mais surtout, le dernier accord de la mesure 12 est un accord de 7eme de dominante de fa (do) présenté en renversement +6, et qui mène logiquement à la suite.
A la mesure 13 réapparaît mais cette fois ci aux basses et sur les notes fa mi bécarre le motif en broderies qui mène de nouveau mesure 14 à une sixte napolitaine. Mais cette fois la sixte va se résoudre mesure 15 sur un accord de second degré de ré bémol, le motif en broderies joué au violon 1 jouant ainsi un rôle d’appogiature du fa grâce au sol bémol. Tout le génie harmonique de Mozart va ainsi s’épanouir dans ce passage modulant sur une ligne chromatique de basses, des mesures 16 à 22, en en une succession d’accords de tension qui va trouver son aboutissement aux mesures 23 et 24, alors que le thème du début se trouve réexposé dans la tonalité de sol mineur.
Analyse détaillée des accords sur partition.